LA PREPARATION
Mon PBP 2019 a commencé fin 2015, lorsque je me suis dit que j’en referai bien encore un petit (le 4ème) pour revivre l’ambiance de ce PBP 2015 avec toute l’équipe UVO et le formidable accueil breton.
Pour cela un travail sur la bête m’a semblé nécessaire pour mieux passer les bosses. Etant en retraite début 2017, j’ai pu rouler plus souvent (3 à 4 fois par semaines) et mieux maîtriser mon alimentation. Résultat, en deux ans, passage de 85 à 73 kg sans effet yoyo.
Ensuite, la mise en place d’un entraînement spécifique consistant à allonger les distances de roulage pour atteindre ou dépasser 100 km par sortie quelle que soit la météo.
Enfin, l’achat d’une nouvelle monture en 2018. Non pas que le CYFAC du PBP 2015 ne pouvait pas convenir, mais j’avais envie d’améliorer le confort en choisissant un WILIER CENTO 10 NDR équipé d’un amortisseur dans le cadre et permettant l’installation de pneus de 25 mm sur des roues à 32 rayons « croisés à 3 ». Bien entendu le réglage des dimensions du WILIER a été calqué avec soin sur celui du CYFAC qui résultait d’une étude posturale.
Voici le vélo en configuration PBP sur le brevet de 400 km de Flins
Depuis 2015, il est conseillé, voire nécessaire (je m’attendais à une forte mobilisation en 2019 et la suite montrera que je ne m’étais pas trompé), de valider un Brevet des Randonneurs Mondiaux l’année précédant le PBP pour se préinscrire à cette épreuve (BRM le plus long possible : préinscription réalisée au plus tôt) et ainsi être assuré d’avoir une place. Donc, j’avais prévu de faire un BRM 300 et un BRM 600 en 2018. J’ai pu « assurer » avec le BRM 300 de Flins réalisé dans la roue de Patrick, car en raison de la météo exécrable lors de mes dates de disponibilité en juin, je n’ai pu faire le BRM 600.
Afin de « banaliser » la distance à parcourir et le dénivelé à franchir sur le PBP, j’ai réalisé plus de 18.000 km et 160.000 m de dénivelé en 2017 et 2018, puis plus de 13.000 km et 110.000 m de dénivelé en 2019 avant le PBP. L’année 2019 a été marquée par les brevets obligatoires (200, 300, 400 et 600 km), puis par des sorties régulières allongées entre le brevet de 600 km et le PBP. Le bilan depuis début 2017 est une sortie de plus de 100 km tous les 2 jours : je suis prêt physiquement et moralement, pas de signe de lassitude et l’abandon n’est pas une option.
Au niveau de la représentation de l’UVO, nous sommes cinq :
- Tout d’abord, Patrick qui, ayant validé l’an dernier un brevet de 600 km, peut partir dans le premier groupe et réaliser une bonne performance en roulant avec les meilleurs.
- Ensuite, le tandem constitué de Valérie et Stéphane qui partent avec les vélos spéciaux.
- Enfin Vincent et moi, en vélo solo « 90 h », nous partons à 20 h 15. C’est l’organisation qui a choisi en rattrapant Vincent qui n’a pas pu réaliser un brevet pré-qualificatif.
Donc, pas d’organisation de groupe possible : Patrick sera suivi par son frère et sa belle-sœur, le tandem voyagera en totale autonomie et pour Vincent et moi, j’ai prévu de positionner ma caravane au camping de Loudéac pour s’y restaurer, se doucher, dormir et changer de tenue et de faire 3 étapes en limitant le plus possible les arrêts aux contrôles :
- Rambouillet-Loudéac : 445 km,
- Loudéac-Brest-Loudéac : 335 km,
- Loudéac-Rambouillet : 435 km.
Louise-Anne nous aidera au cours de ces arrêts à Loudéac.
Sur demande de Vincent, nous rajoutons un ravitaillement-restauration à Fougères qui sera assuré par Nadine.
Je stoppe complétement l’activité vélo la semaine précédant le PBP de façon à être complétement reposé le dimanche du départ. Le jeudi, Louise-Anne et moi nous rendons à Loudéac pour y mettre en place la caravane.
LE CONTROLE DU SAMEDI AVANT LA RANDONNEE
Le samedi 17 août, rendez-vous à 10 h 30 à la Bergerie du château de Rambouillet pour y faire contrôler nos vélos. En arrivant, je sens que cela ne va pas être simple car il y a du monde et l’accès à Rambouillet est très embouteillé. Repérant Vincent dans son maillot UVO, je me gare à côté de lui à l’entrée en direction de St Léger : la grille de Versailles. Ensuite, pour atteindre le stand du contrôle, nous devons traverser tout le parc à vélo pour finir à pied dans une queue interminable de cyclistes.
Après le contrôle du vélo, nous posons nos montures dans le parking à vélos pour récupérer, dans les bâtiments de la Bergerie, notre dossier comprenant la plaque de cadre (S208 pour Vincent et S228 pour moi) équipée d’une puce qui signalera notre passage sur les tapis de contrôle, le livret de route à faire tamponner à chaque contrôle, le maillot du PBP 2019, une chasuble jaune fluo réfléchissante, ainsi qu’une plaque numérotée et un autocollant à placer sur le casque pour être identifié par le photographe officiel.
A cette occasion, je tape la discute avec la bénévole qui, en me remettant le dossier, constate que j’habite Bazainville et que nous avons une connaissance commune.
Ces formalités étant terminées, nous ressortons pour récupérer nos machines et rentrer à la maison. Nous rencontrons Patrick qui en a fini avec le contrôle de son vélo.
Cette première phase montre que, malgré la bonne volonté de l’ensemble des bénévoles, le site n’est pas adapté à l’événement : accès difficile, partie non goudronnée pour atteindre la sortie vers St Léger (quelques crevaisons… déjà : cela met dans l’ambiance !), manque de parkings pour les voitures, pas de fluidité, trop de temps perdu… Cela promet pour le départ de demain !
LA RANDONNEE
Départ 20 h 15 le dimanche 18 août. Rendez-vous une demi-heure avant pour entrer dans le sas S en tenue aux couleurs de l’UVO.
Nadine et Louise-Anne nous emmènent à Rambouillet. A St Léger, nous devons attendre le passage des cyclos partis avant nous et qui vont bon train vers Brest : les freins sont lâchés. Nos familles nous quittent à la grille de Versailles. Nous rejoignons le départ en passant par la porte donnant sur la rue de la Motte.
En attendant que le sas S se constitue, je rencontre des bazainvillois venus voir le départ du PBP. Nous échangeons sur l’épreuve et sa préparation.
Enfin, nous pouvons nous avancer vers le départ pour tamponner le carnet de route et passer sous l’arche de départ : 20 h 15, c’est parti !
Avec Vincent, nous avions décidé de rouler à notre rythme sans s’accrocher à des groupes. Nous laissons donc partir les furieux. Passage à Condé-sur-Vesgre : 2 arrêts obligatoires pour saluer Bruno Blin en maillot UVO et sa femme, puis une bonne partie de l’UVO venue encourager les cyclos du PBP avec une banderole, des pancartes en plusieurs langues (dont le japonais, merci Patrick) et la fameuse cloche (celle du dernier tour pour moi).
L’UVO à Condé-sur-Vesgre
Patrick, Valérie et Stéphane
Vincent et JL
Les vélomobiles
JL avec en arrière plan Bruno et sa femme
Après cet épisode super sympa et émouvant, nous reprenons la route.
Nous dépassons des montures improbables pour réaliser une randonnée telle que le PBP : vélos pliants ou vélo à gros pneus qui semblent être à la mode cette année.
La nuit tombe, le vent aussi. Nous atteignons Longny-au-Perche. En attaquant la bosse, je dis à Vincent que c’est ici que commence réellement le PBP à cause de cette bosse. En effet, un virage plus loin, nous constatons que plusieurs cyclos d’origine asiatique montent à pied ! Avec plus de 11.000 m de dénivelé prévus, ils ne sont pas au bout de leur peine!
Une quinzaine de kilomètres plus loin, nous arrivons au ravitaillement de Mortagne-au-Perche : petite pause pour manger les cakes salés et sucrés fabriqués par Louise-Anne, une banane et remplir les bidons. Vincent cherche de son côté un coca. Nous sommes dans les temps prévus. Tout va bien, mais la nuit est fraîche : il ne faut pas trop traîner car nous allons nous refroidir.
Reprise de la marche en avant. J’ai froid dans la descente à la sortie de Mortagne. La route est inchangée pour arriver à Mamers. A partir de cette ville, nous faisons un détour par Ségrié pour rejoindre Fresnay-sur-Sarthe au lieu d’y aller directement comme dans les précédents PBP. Lors d’un arrêt technique, Vincent me parle de ses douleurs aux genoux. Nous repartons doucement pour atteindre vers 6 h 20 le lundi, le premier contrôle à Villaines-la-Juhel. Petite pause à nouveau pour manger et remplir les bidons. Vincent me dit qu’il va abandonner car il a trop mal aux genoux : c’est la poisse. Je le convaincs de poursuivre jusqu’à Fougères où il va retrouver Nadine qui nous attend pour nous restaurer. J’espère, intérieurement, que cela va le remotiver. Nous reprenons la route, mais beaucoup plus lentement. Nous arrivons enfin à Fougères vers 11 h.
Vincent confirme son abandon. Le repas n’est pas très gai. Je reprends la route, malheureux de n’avoir rien pu faire pour emmener Vincent au bout de cette randonnée. Il doit y avoir un signe indien pour lui sur cette épreuve !
Le prochain contrôle est à Tinténiac, atteint peu avant 14 h. Je ne m’attarde pas. Le plus long est de faire tamponner le livret de route car il y a énormément de vélos et j’ai dû poser le mien tout au bout du parking. Reprise de la route, bon train et je reprends pas mal de cyclos : la montée du relais de Bécherel se fait sans difficulté. Je traverse ensuite St Meen-le-Grand, la patrie des frères Bobet. C’est d’ailleurs une fresque représentant Louison, dessinée sur un château d’eau, qui nous accueille à l’entrée de la ville. A la sortie de St Meen, je dépasse un groupe de cyclos qui roulait bizarrement et l’un d’entre eux prend ma roue et remonte à ma hauteur en me proposant, en anglais, de prendre à tour de rôle des relais, ce que j’accepte. En le suivant, je constate qu’il porte des bracelets réfléchissants aux chevilles portant l’indication « Randonneurs ». Je pense, immédiatement qu’il doit être américain. Plusieurs relais plus tard, menés à bonne allure, nous traversons un village dans lequel les spectateurs nous encouragent vivement. Je les remercie pour leur attention et c’est là que mon américain me demande, en français, si je suis français, car il pensait que j’étais hollandais ou russe à cause des couleurs du maillot. Je lui réponds que oui, et lui demande où il a appris le français. Il m’explique alors qu’il est natif de Lyon, mais naturalisé américain, marié à une américaine et qu’il vit aux USA. Nous levons le pied et échangeons alors sur nos vies respectives pour arriver tranquillement, avant 18 h, à Loudéac à l’arrière d’un groupe de cyclos.
Je le quitte au contrôle en lui indiquant que je vais m’arrêter au camping pour faire une pause douche, restauration, sommeil et échange de tenue pour reprendre la route à la tombée de la nuit lorsque le vent aura faibli. Il me dit qu’il va reprendre la route jusqu’à Carhaix ou il s’est fait déposer un bagage et qu’il va faire une pause dans cette ville.
En sortant du contrôle, je rencontre Valérie et Stéphane. Nous discutons de l’abandon de Vincent et de nos états respectifs et de leur arrêt possible à Loudéac pour dormir. En ce qui me concerne, je leur indique que je me rends au camping pour y faire la halte décrite plus haut. Le départ se fait au son des binious et bombardes car la fête se prépare pour le soir !
21 h 30 pour faire ces premiers 450 km. Certes, j’ai une heure de retard par rapport à mon plan de marche prévu, mais avec le vent défavorable (pas méchant, mais toujours présent) un arrêt un peu plus prolongé à Fougères et l’abandon de Vincent, je m’en sors plutôt bien !
Cet arrêt est le bienvenu car je commence à avoir les pieds qui chauffent. Une douche, des habits propres (en particulier un corsaire EKOI avec gel longue distance car la nuit précédente a été fraîche et la prochaine risque d’être du même type, voire plus froide), un bon repas préparé par Louise-Anne et une heure de sommeil ; l’arrêt dépassera les 2 heures prévues au plan de marche ! Réveillé naturellement au bout d’une heure, je décide de repartir.
Il fait encore jour, la bosse de la sortie de Loudéac fait toujours aussi mal ! Sur le plat, je suis repris par deux cyclos qui roulent ensuite à la même vitesse que moi. L’un d’entre eux lâche. Dans la roue du second, nous rattrapons un tandem british qui, au bout d’un moment, nous demande de passer devant. Je prends le relais et nous lâchons le tandem. Puis mon compagnon de route se relève et je me retrouve seul.
La nuit est tombée, ainsi que le vent, lorsque j’arrive au contrôle secret de St Nicolas du Pélem, qui me fait sortir de la route principale. Le détour dans la ville avec la montée d’une bosse pour rejoindre le contrôle, qui était finalement au même niveau que la route principale, était-il vraiment utile ? Pointage du carnet de route et consommation de mes cakes sortis du sac, puis remise en route direction Carhaix. Passage par Plounévez-Quintin où la crêperie indiquée par Stéphane LL est fermée : je ne pourrai pas lui rapporter de crêpes car le chemin de retour ne passe plus par cette ville.
Arrivée à Carhaix avant une heure du matin. Les pieds ne m’ont pas fait mal depuis la remise en route de Loudéac. La fraîcheur de ce début de nuit doit y être pour quelque chose. Pointage du carnet de route, plein des bidons et consommation de mes cakes sortis du sac et d’une banane. Je repars vers Brest ; à la sortie de Carhaix, je suis un feu rouge qui est loin devant. A un moment, il disparaît et par contre les feux des cyclos sur le retour me font penser que je suis sur la bonne route (celle de Huelgoat). Mais pas de chance, j’ai raté une flèche (je ne vois pas très bien leur pointe réfléchissante) dans le bas de Carhaix. Retour sur le bon chemin et là commence un périple en solitaire dans la forêt (noire) d’Huelgoat. De temps en temps, des feux rouges devant. Puis une fois rattrapés et dépassés, à nouveau la nuit noire ! Heureusement que cette partie est inchangée par rapport aux précédents PBP, je retrouve quelques points de repère qui me confirment le bon chemin. Enfin arrive la montée de Roch Trévézel qui passe bien. En haut, coup d’œil sur la rade de Brest éclairée de mille feux : c’est splendide !
Descente ensuite sur Sizun à fond. Il fait frais, voire froid ! Arrive ensuite l’embranchement ou l’on quitte les cyclos sur le retour. Pour l’instant, je n’ai pas pu prendre de roues car personne ne m’a dépassé depuis Carhaix, mais cela ne va pas durer car un groupe de furieux me dépasse avant la descente sur la gare de Dirinon. Je me mets prudemment en retrait car après la gare, il y a un raidard pour rejoindre Loperhet qu’ils ne doivent pas connaître pour rouler aussi vite. Ce qui devait arriver, arriva : dès les premiers mètres de la côte, le groupe a explosé en vol, ce qui m’a permis de reprendre ma marche en avant dans la roue d’un survivant du groupe. Ensuite, traversée de Plougastel et descente vers le pont Albert Louppe, réservé aux cyclos et piétons, traversant l’Elorn qui se jette dans la rade de Brest. Passage au ralenti car le paysage de cette rade est grandiose : la ville de Brest toute éclairée. Nous retrouvons les locomotives du groupe de furieux dans la montée vers la place de Strasbourg où nous basculons vers le Lycée de Kérichen, lieu du contrôle brestois.
Arrivée avant 5 h 00 après 32 h 30 de route. Pointage du carnet de route, plein des bidons et consommation de mes cakes sortis du sac et d’une banane. Je ne m’attarde pas, mais le redémarrage est dur ! Le jour se lève. Le terrain est vallonné pour rejoindre Landerneau, puis la montée vers la bifurcation séparant les trajets aller du retour me semble longue. Ensuite, remontée de Roch Trévézel par Sizun, pas trop mal, mais long. En haut de Roch Trévézel, coup d’œil vers la lande bretonne du côté de Brénilis qui se trouve dans le brouillard matinal :
Ensuite, dans un premier temps, descente à 62 km/h et dépassé par un vélomobile qui devait atteindre au moins 90 km/h tellement il est passé vite. Puis succession de talus pour atteindre la montée finale vers Carhaix. Arrivé à 9 h 30. Je tiens mes 3 h de retard par rapport à ma feuille de route accumulées au redémarrage de Loudéac à l’aller. Il y a moins de vélos sur le parking qu’à l’aller. Le même rite qu’à chaque contrôle : pointage du carnet de route, plein des bidons et consommation de mes cakes sortis du sac, agrémentés d’une banane. Je ne perds pas de temps pour remettre en route vers Loudéac.
Après Maël-Carhaix, le parcours retour est nouveau en se séparant de celui de l’aller pour repasser par le contrôle secret de St Nicolas-du-Pélem où, cette fois, il ne sera pas nécessaire de monter la bosse de l’aller pour rejoindre le contrôle. J’en profite pour me ravitailler avec les cakes sortis de mon sac. Le parcours est également différent de celui de l’aller pour rejoindre Loudéac. Le vent s’est levé (pas fort, mais toujours présent) et les pieds recommencent à chauffer un peu. J’atteins Loudéac vers 14 h 30. J’ai « perdu » une heure par rapport à ma feuille de route. J’avais prévu de ne plus m’en occuper à partir de Loudéac au retour : c’est ce qui va être fait en prolongeant l’arrêt car la situation se dégrade.
Retour au camping pour la douche, le changement de tenue (cuissard Assos pour finir), un bon repas concocté par Louise-Anne et une heure et demi de sommeil. J’avais prévu plus, mais encore une fois, je me réveille naturellement et je décide de remettre en route.
Il fait encore jour quand je repars. Après La Trinité-Porhoët, je constate que main droite plie vers l’extérieur de la cocotte. J’essaie de la maintenir dans l’axe, mais c’est difficile car je ne peux pas serrer ma main. Arrivé à St Meen-le-grand, il fait nuit. Je constate que le sas de banque qui nous avait permis de dormir en 2015 est déjà occupé : les souvenirs épiques me reviennent en mémoire ! Quelques km après St Meen, je vois au loin les feux rouges de l’antenne du relais de Bécherel. Je me rapproche peu à peu. Je n’ai pas mal aux pieds depuis le redémarrage de Loudéac : la nuit fraîche me va mieux. L’avantage avec la nuit quasiment noire, c’est que l’on ne voit pas les bosses ; on sent bien que cela résiste, mais il n’y a pas d’appréhension. Donc, je passe devant le relais et ensuite, c’est la descente vers Tinténiac que je trouve au bout d’une longue ligne droite avant minuit.
Comme à Carhaix, il y a moins de vélo qu’à l’aller. Même rituel que dans les autres contrôles : pointage du carnet de route, plein des bidons et consommation de mes cakes sortis du sac. Redémarrage, le plus vite possible pour atteindre Fougères avant 3 h du matin. J’avance de moins en moins vite. J’ai du mal à avaler les cakes salés et je ne supporte plus de les faire passer avec du Punch Power au goût menthe. Je prends donc un coca. La banane et les cakes sucrés passent mieux, car plus moelleux. Ensuite j’atteins Villaines-la-Juhel à 8 h, plus ou moins en mode automate, les pieds et les mains me faisant mal. Reste le mental qui fait avancer !
Après Villaines, prochaine étape le contrôle de Mortagne-au-Perche vers 13 h. Les douleurs aux pieds et aux mains deviennent insupportables. Par contre, pas de problème du côté de l’assise : pas d’irritation, grâce au crémage et aux cuissards « longue distance ». Le mental est toujours présent.
A Mortagne, je rencontre Philippe De Crécy, ami de Pierre Bothuan, qui a reconnu le maillot de l’UVO, et un cyclo qui, en lisant ma plaque, m’appelle par mon prénom et me dit que j’ai pas mal roulé car j’ai une plaque S et que je suis au milieu de vélos portant des plaques allant jusqu’à A. Je regarde la sienne pour m’apercevoir qu’elle porte une lettre correspondant à un départ du lundi matin ! Tout est relatif !
Ensuite, le trajet vers Dreux est vraiment dur car, la route étant cassante, pleine de trous, et la chaleur ambiante aidant, ma situation se dégrade au point que je ne peux plus tenir ma tête. J’ai hâte d’arriver au contrôle car je ne peux plus appuyer sur les pédales.
En arrivant, j’aperçois Daniel et Thierry qui m’aident à descendre du vélo. Ils me prennent en main pour me conduire au contrôle et ensuite dans le coin restaurant pour que je me ravitaille.
Ensuite, je retrouve Vincent, Nadine, Simon. Puis arrivent Patrick et Sylviane avec une minerve et une bande. Patrick arrivé, 28 h avant moi, me masse les pieds et la nuque, puis me confectionne un support de tête afin que je finisse la randonnée : chapeau bas !
Après cet épisode très réconfortant, il faut reprendre la route pour terminer ces 44 km vers Rambouillet.
Je repars ragaillardi par cet accueil chaleureux, toujours concentré sur l’objectif et toujours en mode automate. Les douleurs sont toujours là, mais je peux relever la tête et éviter les trous de la route.
Vincent et Simon me suivent en voiture.
Surprise à Mérangle car il y a Patrick Gilant et Gilles Tessier au bord de la route qui encouragent les « revenants ». Je m’arrête pour les saluer et échanger un peu avec eux.
Ensuite, nouvel arrêt aux Pinthières pour saluer Joël Cateau, sa fille et sa famille qui attendent depuis un bon moment le « Jean-Louis ». Nouveaux échanges.
Puis enfin, à Faverolles, encore une bande UVO constituée de Youcef, Fabienne, Serge et Pascal Caumont (j’espère n’avoir oublié personne car je suis fatigué). Nouvelle discussion. La minerve et mon apparence ont rappelé des souvenirs à Fabienne et Youcef.
Bon, comme dirait Vincent, on ne va pas s’arrêter à toutes les chapelles sinon demain n’y est encore. Je remets en route pour essayer d’arriver avant la nuit. Depuis Dreux, je joue à domicile. La toute dernière partie me semble malgré cela un peu longue et j’arrive à Rambouillet vers 22 h. On rentre par la porte de la rue de la Motte et un secteur pavé. Ensuite, il faut rejoindre la Bergerie dans le noir. Faire un tour dans la cour non revêtue et passer la ligne sur un autre secteur pavé.
Il est 22 h 16, mission accomplie après 74 h 58 min et 54 secondes.
Moyenne, arrêts compris : 16,42 km/h.
Je suis accueilli par Louise-Anne, Thierry, sa fille, et Joël, rejoints ensuite par Sylviane, Patrick, Vincent et Simon. Nous nous rendons au pointage final du carnet de route, à la remise de la médaille de finisher et au restaurant pour prendre le plateau repas.
Après le repas, retour à la maison. Je n’ai pas vu la route après la sortie du parc du château de Rambouillet… ni l’animal qui a traversé devant la voiture dans la forêt entre St Léger et Gambaiseuil. Pourtant Louise-Anne a testé l’ABS de la voiture par un freinage d’urgence.
Un grand merci à Toutes et Tous, membres de la grande famille UVO ou non, pour le suivi et l’assistance pendant cette magnifique randonnée.
••• JL.B.