Depuis le début de la semaine, je regarde la météo pour savoir comment je dois me préparer, et plus les jours passent… moins je sais. Finalement la décision définitive sera prise samedi matin après avoir scruté la météo sur mon iPhone sur lequel j’ai enregistré tous les points de contrôle.
Le jeudi et vendredi sont consacrés à la préparation de l’alimentation pour le samedi soir et pour le reste de la nuit. Mais dans la tête, je ne suis pas encore vraiment prêt au vu de la météo. Le vendredi soir, je finis de préparer mon vélo, je le mets dans mon bureau pour l’admirer et vérifier tranquillou si tout est ok. Une petite pensée aux cyclottes et cyclos qui se trouvent à notre réunion mensuelle pendant que je rejoins mon lit pour accumuler un max de sommeil en sachant que la nuit prochaine, ça sera la fête sur le vélo.
Samedi 12h30, tout est dans la voiture, je suis ready pour affronter les grosses tempêtes et heureux de constater en regardant mon iPhone que le départ du BRM400 à Andrésy devrait se faire avec le soleil. Même si mon départ en voiture de Bazainville se fait sous une grosse pluie, j’y crois, il va faire beau sur la ligne à 14 heures !!
Arrivé à Andrésy, je gare la voiture au parking et je sors le vélo du coffre. Ensuite, je passe le contrôle des lumières… « et oui, nous sommes tous un peu des illuminés ». Après je me rends à l’intérieur du gymnase pour m’engager dans cette nouvelle aventure, et il pleut toujours. Pffff… C’est bon, j’ai ma feuille de route et je suis prêt à partir.
A l’extérieur, le soleil arrive. Wahou !!! nous allons partir avec le soleil. En moins de 10 minutes, je commence à avoir très chaud et je ne suis pas le seul! Nous commençons à enlever quelques épaisseurs de vêtements et à les ranger où l’on pneu. Tout le monde se retrouve sur la ligne imaginaire du départ pour le combat dans l’attente du signal des 14 heures, heure du start.
13h56 de gros nuages arrivent subitement et en moins de deux minutes, nous avons une tempête de grêlons. J’enfile rapidement ma veste de grande pluie et de grand froid, mais pas le temps
de changer de gants car je souhaite partir le plus rapidement possible et trouver un groupe avec lequel je vais pouvoir passer la nuit à faire la fête sur le vélo. Je pars. Mais pas de problème, j’ai prévu 3 paires de gants avec l’intention d’avoir des gants secs et chauds pour la nuit. C’est important.
A partir de ce moment, je suis vraiment parti, j’ai fait le vide, je suis dans ma bulle et je ne me pose plus de question sur la météo, j’y vais. Ah, enfin j’ai pu faire le vide pour me retrouver dans cette situation où plus rien ne devrait m’arrêter. C’est un sentiment de plénitude une parfaite ‘’harmonie’’ avec la machine et pourtant, les conditions climatiques ne sont pas au rendez-vous. Je suis en pleine méditation sur mon vélo, je suis conscient de tout ce qui m’entoure mais je m’abandonne à la cadence de mes jambes.
Ma première urgence dans ce type de départ est de trouver quelques cyclos avec lesquels je vais pouvoir faire les 400 bornes. Je regarde, j’analyse les coups de pédale, la position sur le vélo, comment ils relancent la machine, je passe en revue une bonne vingtaine de cyclos, mais non, je ne trouve pas de compagnon de route. Alors je continue seul à faible allure et à la première bosse dans la forêt d’Aigrement, je vois deux cyclos au loin qui essaient de revenir sur moi. Je ralentis et analyse leur montée. Je pense que je suis tombé sur des rouleurs.
Nous voilà partis à 3 pour passer la nuit avec la petite reine. Nous passons Feucherolles, la cote de Villiers Saint Frédéric, Neauphle le Château et vers Montfort l’Amaury la grêle a été remplacée par la pluie entrecoupée de neige. C’est le déluge, ma main gauche est gelée, je ne la sens plus. Je suis passé au-delà de la douleur du froid que j’avais essayé d’oublier (je me dis que je rentre dans le mal dans ce cas-là et on s’y habitue), mais elle ne réagit plus. J’informe mes compagnons de route, Julien et Cédric, que je vais devoir m’arrêter pour changer mes gants car impossible de le faire sur le vélo, je n’ai plus de sensibilité de la main gauche. Je m’arrête. Ils me disent okay… mais ils continuent et je ne les vois plus. Bon ce n’est pas grave, je préfère m’arrêter. Cela n’a pas été une mince affaire d’enfiler le gant gauche et une fois la main dans le gant qui devait-être seulement de quelques degrés, les brulures arrivent. Un moment très pénible quand une partie ‘’gelée’’ se réchauffe. Ça me rappelle le cyclo-cross de ma jeunesse. Mais la vache, ça fait mal pendant plusieurs kilomètres. Ah ! mes compagnons que je vois au loin se sont arrêtés pour faire un arrêt technique et m’attendent.
Nous arrivons à Châteauneuf en Thymerais pour le premier pointage, un coup de tampon sur la feuille de route et nous repartons. C’est impeccable, nous sommes pile poil au temps que j’avais estimé sur mon roadbook.
J’informe mes collègues de voyage et leur dis « à cette cadence » nous devrions arriver avant la nuit à Alençon pour le deuxième pointage où nous pourrons faire une pause pour nous restaurer et nous changer pour la nuit.
Les relais se passent à bons trains, mais je sens que ça commence à coincer un peu. Mes deux compagnons de route souhaiteraient rouler un ton en dessous. Pas de problème, je monte une dent, je mouline d’avantage et je prends de grand relais. Je surveille mon compteur et j’essaie de rester calé entre 34 et 35 km/h. Le soleil pointe le bout de son nez, c’est bon pour le moral et nous allons pouvoir sécher un peu. Ça monte et ça descend constamment avec un petit vent de face et la pluie qui s’invite de nouveau. J’essaie de garder le rythme en restant calé sur le 35 km/h sauf quand ça descend.
Finalement, je suis plus souvent autour des 40 km/h, mais j’ai l’impression que ça enroule bien dernière. Après quelques km sans bruit, je me retourne, mince, ça ne suit plus. Je ralentis et les attends. Nous repartons, mais avec une vitesse de croisière autour du 30 -32 km/h. Nous arrivons à 21h10 à Alençon au 194 km avec 20 minutes d’avance par rapport à l’heure prévue… et en plein jour. C’est super !
Les restaurateurs, des gens sympas qui aiment le vélo, ont tout prévu pour nous accueillir d’autant plus que nous sommes les premiers à arriver et donc nous avons de la place pour mettre nos chaussures sous le radiateur et nous changer. J’avais prévu les trois paires de gants, il m’en reste une bien sèche, des couvre-chaussures et un maillot. Nous nous restaurons. Malheureusement, Cédric n’avait rien pris pour se changer, il est transi de froid et au niveau bouffe il n’a pas grand-chose. C’est la cata, il faut qu’il se remette en pleine forme pour repartir et pédaler toute la nuit.
Le radiateur est monopolisé, il commande un bon repas, je cherche des journaux pour lui permettre d’avoir une protection thermique supplémentaire (Ah, les vieilles méthodes, ça marche toujours !). Ça me rappelle Denis lors de notre sortie club en Bretagne quand il était gelé et grelottait. Quarante minutes se sont écoulées et un groupe de cyclos arrive avec un de leur copain, Christian. Ils l’avaient perdu dans la tempête !!
Christian décide de faire très vite et de repartir avec nous. Dix minutes après, nous sommes sur nos bécanes pour rejoindre le troisième pointage qui sera au km 287. Après la sortie du restaurant, nous sortons d’Alençon pour attaquer une bosse de 4 à 5 km en pleine forêt. La température est autour de 0 degrés et cette côte est la bienvenue pour reprendre la route. Arrivés en haut, nous voyons des lumières clignotantes dans la forêt et une personne sur la route nous fait signe : c’est le contrôle secret organisé par Andrésy. C’est très sympa, c’est comme une maison forestière avec une cheminée, mais sans porte. Un café ou un thé nous attendent et nous acceptons volontiers cette boisson chaude avant de repartir.
La nuit sera sans embûche, avec quelques flocons de neige et une température négative (autour de -2 à -3 degrés), mais quand on aime on ne compte pas (les kilomètres). Nous passons le contrôle de Breteuil au km 287, et ensuite celui de La Roche Guyon au km 363 avec une bonne moyenne au compteur et un roadbook en adéquation avec notre horaire. Après la Roche Guyon, nous trouvons un boulanger ouvert. C’est incroyable le patron ouvre sa boulangerie à 4h30 du matin. Nous en profitons pour faire une bonne pose et nous restaurer afin de ne pas arriver avant l’heure d’ouverture du gymnase à Andrésy, l’ultime et le dernier coup de tampon.
Finalement, nous arrivons en même temps que les organisateurs. Nous ouvrons ‘’presque’’ les portes avec eux. L’accueil est très sympatrique. Ils nous offrent, je pense, leurs croissants bien chauds et nous préparent café et thé pendant l’enregistrement de notre homologation du BRM.
Une belle aventure! Le plus dur, c’est de partir !